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En 2012

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samedi 3 janvier 2009

Réveillon tragique au Mexique : 7 auteurs de polars (au moins) décédés


Richard Stark, Tucker Coe, Samuel Holt, Edwin West, Curt Clark, Timothy J. Culver et Donald Westlakeont été fauchés sur la route, près de Mexico. C'est dernière hécatombe accomplie par la seriale killeuse qui opère depuis quelques mois parmi les écrivains de polar. Inutile d'en rajouter dans les biographies et hagiographies (*), elles sont abondantes tant sont grandes les stupéfaction et tristesse, sentiments que nous partageons profondément aux Habits Noirs. 
Que dire que plus ? Sans tirer le suaire à moi, je voudrais simplement évoquer un souvenir en guise d'hommage. Parce qu'un critique avait dit un jour que j'étais le "Westlake français" (compliment démesuré qui me fit toutefois bien plaisir) et surtout parce qu'il était notoire que j'écrivais du noir humoristique à la suite de la lecture révélation d'Aztèques dansants, la BILIPO m'avait gentiment convié à un colloque à la Sorbonne, il y a quelques années en sa présence (il y avait aussi John Harvey, et quelques autres dont j'ai oublié le nom). Impressionné par les 400 personnes du public et les grands auteurs près de moi, et incapable de parler correctement en anglais, j'ai réussi à faire preuve d'un mutisme exemplaire lors de toute la rencontre. Mais j'avais préparé dans le métro un petit texte en anglais pour le maître ; texte que je lus, et qui devait être aussi épouvantable grammaticalement que mon accent. Mais fi ! Je lui ai donc expliqué devant toute l'assemblée que je lui devais tout, et donc, que si je voulais aujourd'hui exister, je n'avais que deux solutions : soit tuer le père (et me levais, en faisant bang ! avec les doigts) soit... et je lui ai demandé : "Would you marry me, Donald ?"
Le VIP du polar qu'il était déjà fut surpris, mais très amusé. J'obtins mon petit succès (qui fit oublier la nullité de ma présence sur l'estrade) et me tus de nouveau. Valait mieux.
A l'issue de la rencontre se tinrent des dédicaces... J'avais apporté un exemplaire d'Adios Shéhérazade, roman hilarant que m'avait recommandé fort justement Claude Mesplède et qui narre les déboires d'un écrivain porno (texte usant surtout d'un procédé stylistique génial en début de chaque chapitre, comme sont extraordinaires les descriptions de New York en débuts de chapitres d'Aztèques dansants). La façon dont il me l'a dédicacé est pour moi un souvenir toujours aussi émouvant que précieux (en sus d'être une dédicace d'une réjouissante absurdité). Il a juste écrit : "But, I'm already married !"
Voilà, c'est tout. C'est un souvenir de groupie.
J'ai lu depuis les Stark qui m'ont laissé aussi pantois que le style de Westlake était puissant. J'ai lu Le Couperet et son impeccable dramaturgie antique ; un modèle de gestion du conflit intérieur chez les personnages et une approche politique qui ne peut que me plaire... Respect absolu.

Ca fait chier le coup du réveillon tragique... et, somme toute, ça lui ressemble bien.  Mais tout de même : appelez Parker et dites-lui d'aller régler son compte à la serial killeuse. J'ai dit Parker, hein, pas Dortmunder,... sinon il va encore y en avoir partout.
F. Mizio


(*) On en trouvera par exemple une bonne ici, agrémentée d'un solide interview. Toutes évoquent l'oeuvre abondante, l'homme et ses aphorismes, ses 5 machines à écrire Corona Smith, Dortmunder et Parker, les jumeaux antonymes désormais orphelins.
La photographie de Donald Westlake est issue de sa fiche Wikipedia.
Richard Stark a été largement commenté dans un de nos podcasts.
Un vieux numéro de la revue Polar contient aussi une ancienne interview de Westlake, menée par Claude Mesplède. C'est de la très bonne, cherchez ça chez les bouquinistes (C'est un ordre).

1 commentaire:

Ludovic Renaud a dit…

Couac : Donald est mort !
J'en ris à peine... Il m'a sauvé tant de fois lorsque la dead line pour une critique était trépassée. Je n'avais qu'à ouvrir son dernier ouvrage, c'était bon, très bon...
Et merde à 2008 !
François Braud

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